Comme on l’a dit précédemment, le rôle missionnaire est souvent délégué aux missions, voire aux unions d’Églises. Rarement les églises locales implantent elles-mêmes d’autres églises, soit par manque de vision, soit par désintérêt, soit par manque de moyen (financier et/ou humain), par manque de stratégie, etc.
Après avoir mis en place au sein de l’Église locale la stratégie d’affermissement des croyants et surtout des responsables, des moyens humains se mettent en place au fur et à mesure. Ces personnes formées exerceront leurs ministères au sein de l’équipe apostolique — la structure sodale de l’Église — dont le rayon d’action va bien au-delà de l’Église locale : une portée régionale.
Développer des compétences (ministères selon les dons) — des évangélistes, des prédicateurs, des pasteurs-berger, etc. — à travers les formations (théorie et pratique) est essentiel pour se constituer un pool de ministères qui exercent à la fois dans l’Église locale (église mère) mais seront disponibles pour la région, dans les lieux où des églises s’implanteront (églises filles).
Il est intéressant de développer ces ministères à rayon d’action régional. Chaque ministre est attaché à une Église locale (mère ou fille) mais reste disponible pour les autres Églises selon les besoins ponctuels, en fonction de l’étape de développement de l’Eglise. Ces ministres peuvent être soit des temps plein, soit des bénévoles. Il faut donc insister lors des formations des prédicateurs, des chantres, des enseignants, des moniteurs d'école du dimanche, des musiciens, des évangélistes, etc. que leur ministère pourrait ne pas se limiter qu'à l'Eglise locale mais pourrait avoir un rayonnement ponctuel ou durable pour la région, transmettant de ce fait une vision plus globale de l'Eglise et de sa vocation à chacun.
La mise en place de cette équipe régionale débloque l’implantation et la multiplication d'Églises dans une région, et permet la croissance/affermissement de chaque Église. En fonction des étapes de développement des Églises, la région s’assure d’avoir toujours la disponibilité de ministères spécialisés.
En fonction de la taille des Églises, il n’est pas toujours possible de connaître tout le monde. En outre, tous les membres ne vivent pas forcément à proximité du bâtiment. Ainsi, l’échelle du groupe de maison, qui regroupe quelques familles de l’Église, permet de vivre de vraies relations fraternelles.
L’intérêt est de répartir les groupes de maison autour de l’Église locale en fonction de plusieurs facteurs indépendants des uns des autres :
la localisation des membres : le choix se fait en fonction d’un lieu géographique autour duquel plusieurs familles se regroupent.
des lieux proches de centres urbains qui pourraient évoluer en implantation d’Églises.
Ainsi, le deuxième axe de développement est de mettre en place des groupes de maison avec deux objectifs principaux :
a. dans la convivialité (vie communautaire) : l’enjeu ici n’est pas de faire uniquement des réunions de prière et d’étude biblique — le danger ne serait de ne faire « que du spirituel » en mettant de côté les relations humaines — mais il s’agit de mettre en place un cadre convivial, repas, jeux, etc. développer de vraies relations les uns avec les autres.
b. la solidarité : il n’est pas toujours facile de partager ses soucis en grand groupe, le groupe de maison peut être le lieu idéal pour partager ses fardeaux, y trouver réconfort et une aide matérielle solidaire.
a. l’évangélisation : le groupe de maison est propice pour inviter ses voisins, des collègues de bureau, des amis pour découvrir la foi, la famille de Dieu dans une maison plutôt qu’une grande rencontre dominicale. En outre, ce faisant, les groupes de maison sont une bonne manière d’évangéliser les campagnes. En effet, les milieux ruraux sont souvent les oubliés des missions qui ont principalement ciblé les grands centres urbains. L’Église locale a ici un grand rôle à jouer pour l’évangélisation des campagnes en multipliant les groupes de maison.
b. former un noyau de responsables (au minimum ITEA Cycle 2). En effet, durant ce cycle, on réfléchit sur la manière d’évangéliser, d’implanter et de définir une stratégie adaptée à son contexte socio-culturel.
c. les groupes de maison situés proches des centres urbains peuvent évoluer en Églises d’implantation à force de grossir.
Pour résumer, la mise en place des groupes de maison permet de vivre l’Église au-delà de la rencontre du dimanche matin, d’évangéliser et d’atteindre les campagnes, les voisins, etc. Certains groupes évolueront naturellement, en grossissant, en Église, notamment pour ceux qui sont proches des centres urbains.
C’est ainsi que nous avons procédé à l’Église de la Roche-sur-Yon pour l’implantation d’Église aux Herbiers, située à 40 Km. C’était à la base un groupe de maisons. Quatre membres de ce groupe se sont formés dans le cycle 2 d’ITEA, ce qui a permis d’établir des stratégies d’affermissement et d’implantation durant la formation. A force de grossir naturellement ce groupe a évolué vers une implantation d’Église, accompagnée par une missionnaire, en renfort. Nous poursuivons nos efforts pour développer les autres groupes de maisons.
Toutes ces stratégies ne sont possibles que si nos rencontres sont adaptées à tous, croyants comme non-croyants. C’est le principe missionnel de l’Église. Daniel LIECHTI est celui qui a le plus développé cet aspect en France. Je vous invite à lire son article « Principes de fonctionnement d’une Église missionnelle »(24).
Daniel LIECHTI fait le constat suivant :
Il faut se rendre à l’évidence : trop d’Églises se sont éloignées de la société, elles sont devenues transparentes, inaudibles et peu crédibles. L’évangélisation classique, évènementielle et « à contact froid », où des inconnus parlent à d’autres inconnus, ne porte plus guère de fruits durables.
Pour proposer une orientation nouvelle :
Il est désormais indispensable de créer la confiance par le biais interpersonnel, en valorisant les relations humaines dans sa sphère de vie.
Il poursuit ainsi :
Pour les disciples, il s’agit de ne pas céder à une dichotomie « vie d’Église » et « vie normale ». À l’instar de la première communauté dans les Actes des Apôtres, une Église missionnelle contemporaine est consciente qu’elle ne forme pas une communauté seulement lorsqu’elle est réunie pendant quelques heures par semaine. Elle veut aussi, expressément, vivre la dimension communautaire lorsque ses membres sont, en semaine, dispersés dans le « monde ». (...) Cela signifie que l’Église est constamment proche, au travers de ses membres, et de manière naturelle, des voisins, collègues et autres amis pas encore croyants.
Pour résumer, toutes les rencontres doivent être adaptées à tous. En outre, être conscient que Dieu donne à chacun un ou plusieurs dons et donc un service/ministère. Les formations pratiques telles que proposées dans les cursus ITEA permettent à chacun de développer ses dons au service de la communauté.
(23)L’adjectif « missionnel » n’est pas un simple synonyme de missionnaire, contrairement à une compréhension qui était parfois proposée dans le passé. Il s’agit de deux concepts à distinguer nettement. Missionnaire désigne la mission en tant qu’activité. Il s’agit du faire d’une personne ou d’une Église. Par contre, missionnel désigne la nature. Il s’agit de l’être, de l’identité d’une personne ou d’une Église. L’aspect missionnel est premier, il est au centre et imprègne tous les autres domaines. Daniel LIECHTI (v. source ci-dessous)
(24) https://point-theo.com/principes-de-fonctionnement-dune-eglise-missionnelle