Dans le fonctionnement actuel, sont appelés pasteurs les ministres du culte et s'apparente au rôle d’ancien et pas forcément au rôle de pasteur et docteur de l’équipe apostolique — structure qui est d’ailleurs pratiquement inexistante aujourd’hui au sein des Églises locales.
C’est peut-être la raison pour laquelle la multiplication est bloquée du fait de notre structure. Il n’y a plus de Ministre de l’Évangile disponible pour la région, pas d’équipe apostolique régionale rattachée à l’Église locale.
Dans l’Église primitive, la formation est assurée par l’Église locale — par les Anciens et/ou les Ministres de l’Évangile(11) — dans l’Église locale. Ce qui assure un accompagnement mentoral et spirituel visant à former le caractère tout en développant les connaissances et les compétences. Le résultat produit des serviteurs mieux préparés quand bien même des échecs restent possibles.
Notons que la méthode pédagogique de formation était différente.
Ce chapitre est tiré d’une Causerie AEEI(12) (2017)
Il existe plusieurs façons de concevoir la formation, et nous sommes peut-être davantage influencés par l’héritage de notre propre culture que par l’exemple biblique. Le monde occidental connaît surtout la formation d’origine grecque. Il s’agit surtout d’acquérir des connaissances. Dans cette perspective, un « maître » peut enseigner, même sans capacités pratiques dans le domaine de son enseignement. Si ce modèle peut fonctionner lorsqu’il s’agit « uniquement » de l’acquisition de connaissances (l’histoire, la littérature, la grammaire, les mathématiques, la physique, etc.), ce n’est pas le cas lorsqu’il s’agit des connaissances pratiques de la vie. C’est la même chose pour la foi.
Or, il existe aussi un modèle oriental, et plus encore, le modèle juif, biblique, de l’enseignement, qui est plus que l’acquisition d’un certain savoir : c’est le « savoir-vivre » et le « savoir-faire ». « Écouter », dans les Proverbes, par exemple, ne signifie jamais « entendre », ni même « entendre et retenir », mais « entendre et mettre en pratique ». L’accent est mis sur la pratique, dans la vie, et non pas à la transmission d’informations ou de théories. C’est en fait « apprendre en faisant ».
Il est intéressant de constater que plusieurs professionnels et différents corps de métiers suivent la méthode orientale de formation. Prenons comme exemple les médecins qui passent beaucoup d’heures en laboratoire et sur le terrain clinique, avec un médecin chef. Les chefs cuisiniers, les charpentiers, les mécaniciens, etc. font de même. Pourquoi les pasteurs seraient-ils formés uniquement en classe, seulement avec des livres entre les mains ?(13)
Ce chapitre est tiré d’une Causerie AEEI (2017)
Les Églises locales doivent mettre en place des cursus d’affermissement des croyants et de formation des responsables visant à développer le caractère, les connaissances et les compétences de manière formelle, non-formelle et informelle. Le parcours académique (formel) — quand bien même nécessaire — tel que proposé dans sa forme actuelle ne suffit pas à produire suffisamment de serviteurs à temps plein d’une part, et qui tiennent sur le long terme d’autre part, bien au-delà des cinq premières années.
Dans « LA THÉOLOGIE ECCLÉSIOCENTRIQUE : CRÉER UN PARADIGME NOUVEAU », texte présenté à la Conférence BILD International – Ames, IOWA – le 5 mai 1995, Jeff REED, alors Président de LearnCorp, propose 6 axes de réflexion à partir de ses observations et propose 4 principes directeurs pour établir un nouveau paradigme : faire de la théologie ecclésiocentrique dans le contexte des cultures, en 3 phases.
1. Penser de façon latérale, et non néo-classique.
2. Revoir les principes élémentaires (l’enseignement apostolique) d’une manière sérieuse et disciplinée.
3. Revoir le grand dialogue théologique occidental comme une bénédiction mitigée.
4. Redécouvrir l’Église locale et son rôle central dans la conservation de la doctrine apostolique.
5. Faire de la théologie dans la culture, d’une façon nouvelle dans chaque génération.
6. Construire de nouveaux paradigmes pour l’Église post-moderne – des paradigmes d’éducation, de mission et de théologie
L’une des raisons principales qui nous motive à développer un nouveau paradigme pour faire de la théologie aujourd’hui, et, à un certain niveau, casser avec les traditions de l’Église occidentale, est que des éléments importants de la didachè du Nouveau Testament ont été perdus dans le mariage entre la discussion théologique et « l’académie » grecque. C’est ce qui créa la philosophie occidentale, et cette philosophie a établi les catégories et les questions théologiques, plus que les Écritures elles-mêmes. De même, l’Église officielle (le catholicisme romain, et éventuellement, une majorité des Églises protestantes) est restée plus attachée aux traditions officielles de l’Église (les credos, les catéchismes, etc.) qu’à la doctrine des apôtres, dans son entièreté.
Comment faire pour développer ce nouveau procédé théologique, d’une manière qui soit à la fois critique – c’est-à-dire sans ignorer la lumière et les leçons de l’Église au cours des siècles et en restant bien informés sur notre culture et notre propre époque historique – tout en nous libérant des accoutrements de notre dialogue occidental, afin d’aborder librement la théologie dans le contexte des cultures ?
1. Le procédé de la théologie ecclésiocentrique au sein des cultures, doit véritablement reposer dans le cœur et l’âme de l’Église locale.
2. Le procédé de théologie ecclésiocentrique dans la culture, doit avoir la Bible comme base pour son approche générale.
3. Le procédé de théologie ecclésiocentrique, doit s’accomplir dans la culture dans laquelle les Églises sont établies, et par ces Églises elles-mêmes
4. Le procédé de théologie dans l’Église doit trouver son enracinement dans une compréhension véritable du mouvement international, surtout dans l’apparition d’un respect pour les procédés de théologie venant des Églises du Tiers-monde.
Première phase : construire une « ossature » à partir des Écritures.
Deuxième phase : aborder systématiquement les questions culturelles
Troisième phase : développer une théologie de ministère pratique
(11) Les Ministres de l’Évangiles : évangélistes, prophètes, apôtres, pasteurs et docteurs d’Ephésiens 4.11 qui composent la structure sodale de l’Église, l’équipe apostolique.
(12) Alliance des Églises Evangéliques Interdépendantes, affiliée au Réseau FEF et au CNEF.
(13) Gilles Lapierre, Formation des Coachs, p. 14.
(14) Premier livret de la série I des Principes Fondamentaux d’ITEA